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ARTS DE LA SCÈNE
II.
Musique
B.
Événements
Titre.
Living Room
Auteur.
Fátima Miranda
Date.
10.11.2021
Lieu.
Festival Video Instants (Marseille)
En contrepoint à l’invasion du numérique, des smartphones, des applications, des ordinateurs et de toutes sortes de gadgets dont dépendent la musique électronique et l’art sonore, et dont les installations technologiques réalisent des concerts sans aucune intervention corporelle ou gestuelle, Living Room Room est un concert-performance pour voix seule, intime et a capella, dans laquelle Fátima défend la présence et la corpulence d’UN CORPS seul sans aucun fil. Des muscles entraînés à sculpter l’air avec une amplitude vocale de plus de quatre octaves, une voix utilisée comme un instrument à vent et à percussion.
Sur scène, une voix seule soutenue par une composition poétique, gestuelle, visuelle, tragique et humoristique, qui nous va droit au cœur. La dramaturgie du Living Room Room évolue depuis une atmosphère contemplative, mélancolique, dramatique et rituelle vers une atmosphère de transe frénétique, drôle et un peu folle.
Living Room Room suscite une écoute consciente puis culmine avec une séquence improvisée interagissant avec le public, et avec le silence sonore du lieu, son acoustique propre, son bourdonnement particulier, à chaque fois unique et imprévisible, engageant un dialogue chanté avec l’architecture.
Héritière d’une sensibilité ethno-minimaliste, Fátima Miranda est seule sur scène avec ses accessoirs habituels : une voix étendue, l’héritage de l’Orient, son corps, des onomatopées, l’humour, la répétition, l’espace-temps, une inintelligibilité intelligible, elle tourne le dos à la tyrannie des canons de beauté du chant, de la parole et des décors, affrontant le monde à sa manière, elle s’enfonce sans crainte dans la forêt des oralités qui l’habitent encore, chargée de souvenirs phonétiques antérieurs peut-être langage, évoquant des codes de communication déjà éteints mais encore nichés dans l’inconscient collectif. Contrairement à ce que l’on entend habituellement par culture, la poétique inclassable de Miranda atteint une dimension de modernité au sens de ce qui est toujours contemporain, entendu comme civilisation.
Les Instants Vidéo se définissent comme un festival dédié à la poésie électronique. Il ne s’agit pas d’un nouveau genre qui viendrait se rajouter à l’art vidéo et multimédia.