02
ART ET DESIGN
I.
Arts Plastiques
A.
Zoom
Titre.
Esther Ferrer et La Ribot au Frac Franche-Compté
Dates.
28.04.2024 – 27.10.2024
Lieu.
Frac Franche-Compté
Depuis 2006, la collection du Frac FrancheComté s’est structurée autour de la question du temps et de ses corollaires (durée, mouvement, espace, entropie, mémoire…). Elle s’est ouverte, de façon progressive et logique, à des œuvres sonores, performatives, immatérielles, ou encore à des œuvres transdisciplinaires dialoguant avec la musique ou la danse, autant de pratiques artistiques s’inscrivant dans la durée. Parmi ces dernières œuvres figurent notamment des installations des artistes et compositeurs Ryoji Ikeda, Hassan Khan, Ari Benjamin Meyers, Paul Panhuysen, Sébastien Roux et les installations des chorégraphes Valeria Giuga (Compagnie Labkine), William Forsythe ou La Ribot.
Au cours de ces trois dernières années, les expositions présentées au Frac ont valorisé la dimension performative de cette collection avec l’exposition Aller contre le vent, performances, actions et autres rituels en 2022 et le dialogue interdisciplinaire qui s’y déploie à travers trois expositions mettant en relation les arts visuels et la danse : Dancing machines (2020), Rose Gold de Cécile Bart (2020) et Danser sur un
volcan (2021). Les expositions consacrées à Esther Ferrer et La Ribot s’inscrivent dans leur continuité.
Ces expositions mettront en dialogue le travail de ces deux artistes espagnoles incontournables représentées dans la collection du Frac. Il s’agira de souligner les correspondances entre leurs œuvres mais aussi leur singularité. En effet, si Esther Ferrer s’inscrit exclusivement dans le champ des arts visuels et de la performance écartant toute spectacularité, la seconde poursuit une œuvre résolument transdisciplinaire s’exprimant aussi bien sur scène que dans les salles d’exposition d’un musée ou d’un centre d’art. Leur esthétique est différente – sobriété formelle et distanciation pour Esther Ferrer, expressivité pour La Ribot – mais toutes deux partagent rigueur, énergie, humour et économie de moyens, et font du corps à la fois la matière première et le sujet de leur
travail. Ce corps, ce peut être le leur propre, mais aussi celui des autres qu’elles associent souvent
à leurs propositions, qu’il s’agisse de membres du public ou de danseurs et danseuses. Nées sous la dictature franquiste, toutes deux inscrivent également leur travail dans une réflexion sur le corps politique et social, en questionnant les préjugés sexistes et en épousant la cause des femmes, en s’intéressant aux figurants et aux laissés-pour-compte, voire aux victimes de violence privée ou d’État. Et toutes deux enfin ont une égale prédilection pour les chaises et une passion commune pour Erik Satie…
Vernissage le 27 avril 18h30
Esther Ferrer
Née pendant la guerre civile espagnole (1936- 1939), Esther Ferrer grandira sous la dictature de Franco (1939-1975), une conjoncture historique qui influera grandement sur sa construction personnelle, elle dont le maître mot sera toujours : « liberté ». Les événements de 1968 et le vaste mouvement de contestation anticapitaliste, anti-impérialiste et anticonsumériste qui va agiter le monde dans les années 1970 et auquel elle participera activement seront tout aussi déterminants pour cette artiste qui choisira très tôt la sobriété, la simplicité et l’économie de moyens et qui, à la réalisation matérielle de ses œuvres ou leur exposition, préférera le concept et le processus qui leur préside à l’atelier. Aux antipodes de tout narcissisme et de tout romantisme quant au statut de l’artiste, de tout fétichisme quant à l’objet artistique, Esther Ferrer autorise l’autre à une libre interprétation de ses propositions et cultive un art du détachement
qui n’est pas sans rappeler le «bien fait, mal fait, pas fait » de Robert Filliou. Son travail, qui s’inscrit dans le temps, autant qu’il est travaillé par lui, s’avère des plus précieux et des plus nécessaires aujourd’hui.
La Ribot
Née à Madrid, La Ribot vit à Genève et travaille à l’international.
Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière de la Biennale de la danse de Venise 2020. Grand Prix suisse de danse par l’Office fédéral de la culture en 2019. Premio en Artes Plásticas de Comunidad de Madrid en 2018. Medalla de Oro al Merito en las Bellas Arte en 2015. Premio Nacional de Danza, Ministerio de Cultura, en 2000.
« La Ribot est chorégraphe, danseuse et artiste. Son oeuvre, apparue au sortir de la transition démocratique dans l’Espagne des années 1980, a profondément modifié le champ de la danse contemporaine. Elle défie les cadres et les formats de la scène comme du musée, empruntant librement aux vocabulaires du théâtre, des arts visuels, de la performance, du cinéma et de la vidéo pour opérer un déplacement conceptuel de la chorégraphie. Soli, explorations collaboratives, recherches avec des amateurs, installations et images en mouvements présentent dès lors les facettes d’une pratique protéiforme, qui ne cesse de mettre en jeu le droit du corps. »